Dans le même temps il fréquente les bibliothèques publiques auxquelles il peut avoir accès. Au retour d'un séjour en sanatorium, il travaille comme scénariste et essaie de vendre des espaces publicitaires dans des publications fantômes. Il débute en littérature par un récit publié dans un magazine populaire.

Pendant trente ans il collabore à une maison d'édition milanaise pour laquelle il écrit un milliers de conte, récits, nouvelles auxquels s'ajouteront des romans, le tout à l'eau de rose. Anti-Mussolinien, il doit se réfugier en Suisse où il est interné jusqu'à la fin de la guerre. De retour à Milan il devient directeur d'un magazine féminin où il dirige la rubrique courrier du cœur. A partir des années cinquante ses récits, qui virent du rose au noir, paraissent dans des collections policières.

Il crée un héros, un médecin radié de l'ordre pour euthanasie, qui devient collaborateur des services de la Justice de Milan. C'est un humain qui nous ressemble, généreux, et à qui la bêtise et le crime font piquer de terrifiantes colères froides.

Les Enfants du Massacre est le chef-d'œuvre de cet auteur. Dans ce récit l'ancien médecin doit dépasser son dégoût pour ausculter ce massacre commis par des gamins marginaux de la banlieue de Milan. Amoureux de cette ville, Scerbanenco la chérissait, mais dévoilait ses horribles protubérances. L'opulence et la richesse dont bénéficie la capitale lombarde, centre géographique et, de ce fait, plaque tournante de tous les trafics, déforment cette ville...

C'est aujourd'hui le malaise des banlieues que Scerbanenco dénonçait il y a trente ans. Il démontrait que l'image familière de nos grands centres urbains se doublait au noir et pas toujours le soir.

Les Enfants du massacre de Giorgio Scerbanenco, éditions Rivages/Noir, 254 pages, 8,65 euros.